Mikhaíl Khristodoúlou Moúskos (
Μιχαήλ Χριστοδούλου Μούσκος), né le
13 août 1913 à Ano Panaïa et mort le
3 août 1977 à
Nicosie, fut archevêque et primat de l'Église orthodoxe de Chypre sous le nom de
Makários III (
Μακάριος Γ΄) de
1950 à sa mort.
Il fut élu président de la République de Chypre en décembre 1959 et prit ses fonctions le 16 août 1960 à l'indépendance de Chypre. Réélu en 1968 et 1973, il resta en fonctions jusqu'à sa mort, sauf pendant une brève période en 1974 quand il fut déposé par un coup d'État militaire soutenu par la junte au pouvoir en Grèce.
En tant qu'évêque ayant assumé des fonctions de chef d'État, il est souvent appelé "éthnarque", en particulier en langue grecque, c'est à dire "chef d'une nation". Ce titre est une réminiscence du système ottoman des millets.
Biographie
Il naquit dans le village d'Ano Panaïa dans le district de Paphos. Il fut évêque de Kition en
1948 et archevêque de Chypre en
1950. Il fut un organisateur du mouvement de résistance chypriote EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes). Il assista en
1955 à la conférence de Bandung. Les
Britanniques l'exilèrent aux
Seychelles en
1956 pour complicité de terrorisme en rapport avec son organisation. Quand les
Grecs, les
Turcs et les
Britanniques s'accordèrent sur les termes pour l'indépendance de Chypre, Makários fut élu chef de l'État, essayant de composer entre les communautés grecque et turque du pays. Bien que Chypre eût été admise dans le Commonwealth en mars
1961, Makários participa en septembre de la même année à la conférence des pays non-alignés à
Belgrade. Alors que son mandat était sur le point de s'achever en
1965, il fut étendu jusqu’à
1968. À cette époque, les
États-Unis le considéraient comme le «
Castro de la Méditerranée » en raison de similarités idéologiques supposées avec le dirigeant
cubain.
Makários fut de nouveau candidat aux élections de 1968. Tout en déclarant l' enosis (rattachement à la Grèce) souhaitable, il fit campagne pour le maintien de l'indépendance de Chypre, à l'inverse de son adversaire, le psychiatre Tákis Evdókas, partisan de l' enosis.
En 1974, la junte militaire au pouvoir en Grèce qui espérait remplacer Makários par un président favorable à l' enosis soutint un coup d'État à Nicosie mettant au pouvoir Níkos Sampsón.
Le 19 juillet 1974, devant le Conseil de sécurité des Nations unies, Makários accusa la Grèce de mener une invasion de Chypre. Cette accusation d'invasion donna à la Turquie un prétexte, légitimé par le « Traité de garantie », pour envahir à son tour le nord de l'île en août 1974.
En décembre 1974, Makários revint dans une île de Chypre divisée et reprit ses fonctions.
En 1977, il signa avec le dirigeant chypriote turc Rauf Denktaş une résolution qui prévoyait une fédération bi-communautaire et bi-zonale pour l'avenir de Chypre.
Makários mourut le 3 août 1977.